« Cuchu » un champion du monde chez les Crocos.

En ce mois de Février, comment ne pas rendre hommage à un joueur marquant du Nîmes Olympique, José Luis Cucioffo l’Argentin.

Né le 01 février 1961, José Luis grandira à Cordoba, sa ville natale, dès son jeune âge faisant beaucoup de sacrifices pour pratiquer le foot, il s’enfuit de chez lui abandonnant les études, rêvant de devenir un joueur de foot professionnel. « Cuchu » comme on le surnomme en Argentine, débute le football à Huracan un club de quartier de Cordoba, où il se fait rapidement remarquer avant de rejoindre en 1980 le club plus structuré de Chaco For Ever puis en 1981 le CA Talleres. Intelligent dans le placement défensif, excellent de la tête malgré une taille moyenne, Cuchu est un travailleur de l’ombre, à force de persévérance et d’humilité, il attire l’attention des plus grands clubs du pays. Signant au Vêlez Sarsfield en 1982, il y passera 7 saisons, s’imposant comme défenseur latéral avec plus de 185 matchs joués, l’entraîneur national Carlos Bilardo le convoquera avec l’équipe d’Argentine en préparation à la coupe du Monde 1986. Moins médiatique que d’autres stars du groupe Albiceleste, il commencera la compétition mexicaine comme remplaçant avant de devenir un titulaire incontournable de la défense Argentine, livrant un duel épique en poule contre l’italien Altobelli (1-1). 5 fois titulaire lors du mondial 1986 notamment comme latéral, il soulève la coupe du Monde au stade Aztèque de Mexico le 20 juin 86, muselant les offensives allemandes en finale (3-2) aux côtés du capitaine Diego Maradona ou autres Burruchaga, Brown, et Valdano.

Cucioffo disputa en tout 21 matchs en sélection Argentine, après un retour triomphal à Cordoba, son statut de champion du Monde lui permet en 1987 de rejoindre le club mythique de Boca Juniors, où il restera 3 saisons remportant la Supercoupe Sud-américaine contre Independiente, et la « Recopa Sudamericana » dès la 2ème édition. Défenseur féroce et rugueux, Cuchu possède aussi un talent offensif, n’hésitant pas à monter sur les coups de pieds arrêtés avec un jeu de tête performant, comme en septembre 1989 où d’une tête rageuse, il donne la victoire à Boca dans le superclassico contre l’ennemi River Plate (1-0). Lors d’un match de Supercoupe contre les Brésiliens de Gremio, il remplacera le gardien de but Argentin blessé, préservant à merveilles le score de 1 à 0 dans une Bombonera célébrant son joueur polyvalent et touche à tout. 1990 Nîmes Olympique en D2 se donne des ambitions de montée en recrutant un entraîneur Argentin Daniel Roméo et un meneur de jeu international José Daniel Ponce lui aussi à Boca Juniors, le tandem Mezy / Sauli à la tête du club recherche un défenseur expérimenté. Par l’intermédiaire de l’entraîneur adjoint, arrivé avec Roméo, Horacio Rodriguez celui-ci connaît bien Cuchu et le contacte pour évoquer le projet nîmois à l’accent sud américain puisque le club enregistre aussi le retour de son buteur adulé l’Argentin Jorge Dominguez ex Boca aussi, de retour dans le Gard 1 an après l’avoir quitté.

Intéressé par le challenge nîmois, Cucioffo débarque en France à l’été 1990, s’intégrant très rapidement à son nouveau club et son projet alléchant et ambitieux, facilité par la présence Argentine au sein du groupe pro, il est titulaire dès la 1ère journée de championnat contre le voisin Avignonnais (victoire 2 à 1). Rapidement incontournable au sein de la défense croco il alterne comme latéral, stoppeur ou milieu de terrain effectuant 32 matchs de D2, il donnera même la victoire aux nîmois à 10 min de la fin contre Gueugnon d’une tête plongeante (1-0).

A la fin de la saison 1990/91 Nîmes retrouve l’élite et Cuchu va découvrir la D1 Française, avec les arrivées de Cantona, Vercruysse ou Ayache le club fait la une des journaux sportifs, le club veut marquer de son empreinte son retour au sommet du foot hexagonal après une aussi grande attente.

Cucioffo, positionné devant la défense en sentinelle, formera à plusieurs reprises un tandem axial défensif, technique et expérimenté avec William Ayache, protégeant la révélation Lionel Perez dans le but. José Luis toujours aussi offensif marquera son premier but en D1, lors de la 2ème journée contre Toulouse ouvrant le score et obtenant même un penalty suite à un tir stoppé du bras par un défenseur du TFC et validé par Éric Cantona. Il obtiendra même la une de l’article de l’Equipe après la victoire croco contre Lille (1-0), « Cucioffo présent partout » montrant à quel point le joueur Argentin titulaire indiscutable était aussi présent derrière que devant. A l’automne suite à la déroute subie à Toulon (0-5), Roméo est remercié, le tandem Girard / Mezy reprend les rênes, une 15ème place au final, Cucioffo lui effectue une saison pleine et irréprochable avec 34 matchs joués et 5 buts marqués, ce qui est remarquable pour un défenseur de métier. Sa mentalité et son professionnalisme font l’admiration de beaucoup, « c’était un équipier modèle toujours souriant et adorable » comme Philippe Debaty ou Gregory Meilhac peuvent se le remémorer.

Lors de la saison 1992/93 avec l’arrivée d’un nouveau staff dont Léonce Lavagne à la baguette, certains cadres importants quittent le club, Cantona, Ayache, Bernardet, l’équipe est en reconstruction, et Cucioffo va former une charnière défensive ayant une sacrée allure, avec l’arrivée de Laurent Blanc en manque de jeu à Naples, Michel Mezy réalise un joli coup. Hélas Nîmes Olympique effectue un départ catastrophique, pas une victoire lors des 11 premières journées, les crocodiles restent englués à la 19ème place, et malgré un coup d’éclat au Parc des Princes face au leader le PSG (3-2), l’ambiance dans le vestiaire n’est pas au beau fixe. Malgré une saison solide et exemplaire comme son attitude à chaque sortie, José Luis n’empêchera le club de descendre en D2. Irréprochable durant ses 3 saisons nîmoises, Cuchu était devenu un vrai nîmois, vivant du côté d’Uchaud, le champion du Monde 86 appréciait la Région, comme les coutumes camarguaises ou tauromachiques, généreux sur le terrain, il était d’une grande simplicité, toujours sympathique et abordable auprès des supporters nîmois, sa gentillesse en faisait un des joueurs les plus populaires du club. Des parties de pêche avec Cantona, aux 3eme mi temps dans l’incontournable fief des sportifs nîmois la brasserie des 3 Maures face aux arènes, Cuchu représentait la joie du football, lui qui affectionnait l’humour et pouvait être un grand plaisantin, cet équipier modèle s’intégra formidablement à l’esprit Nîmois.

Jouant tout le temps le torse bombé en avant à cause de sa façon de se tenir, sa réputation de joueur de classe traversa l’océan pour conquérir le public croco avec pratiquement 100 matchs officiels en rouge et blanc. Effectuant une dernière pige dans sa ville natale en 1993, il rejoint le club Atletic Belgrano à Cordoba, participant à 14 matchs avant de raccrocher les crampons. Cuchu investissa dans un bar quartier San Martin où beaucoup de supporters argentins venaient le voir lui le champion du Monde de la ville, suivant en même temps les premiers pas de footballeur de son fils Emiliano, José Luis pratiqua intensément sa passion de la chasse avec ses amis proches. Le destin de Cuchu bascula ce 11 décembre 2004 dans la commune de Bahia San Blas au sud de la province de Bueno Aires, où il perdit la vie stupidement, injustement.

Parti chasser avec un groupe d’amis, durant le trajet alors que José Luis conduisait une camionnette Chevrolet, celui-ci prit un trou, le véhicule se déporta et à ce moment là, la carabine dirigée vers le haut entre les 2 sièges avant se déclencha. Touché mortellement à l’abdomen au niveau de l’aorte, José Luis le battant lutta en vain, il décéda tragiquement à 43 ans, l’enquête de police conclura plus tard qu’il s’agissait d’un accident triste et malheureux. Enterré dans sa ville de Cordoba, au cimetière du Parc Azul, devant une foule considérable de supporters, d’amis et d’anciens Champions du Monde 86, Cuchu à laissé le souvenir d’un homme généreux, humble et toujours souriant. 18 ans sont passés José Luis restera dans la légende du Nîmes Olympique lui le 1er Champion du Monde de Football à porter la tunique croco, son souvenir indélébile est toujours bien présent dans la cité des Antonins, ce guerrier battant et plein de gentillesse, était « un type formidable » comme beaucoup de ses ex coéquipiers le disent encore aujourd’hui.

Article de Bertrand Bianciotto