En ce mois d’avril, nous rendons hommage à un sympathique croco Simei Ihily le Néo Calédonien.
Deuxième joueur natif de Nouvelle Calédonie a porter le maillot nîmois après Marc Kanyan, Simei Ihily est né le 10 avril 1959 sur l’île de Lifou. C’est au collège de Koumac, qu’il se fera remarquer par Georges Boulogne, directeur technique national, de passage sur l’île dans les années 70. Poussé par son père à tenter sa chance en métropole, il intègre l’INF Vichy à 16 ans, loin de son pays des plages et du soleil, loin de sa famille, le jeune joueur malgré des coups de blues réussit à percer. Enchaînant les entraînements intensifs et rigoureux entrecoupés de cours scolaires, il progresse entre les mains des Banide, Mosca ou Barlaguet. Au contact de l’ancien attaquant croco
brésilien Francisco Filho, devenu entraîneur national, Simei Ihily s’épanouit, jouant en 3ème division avec l’INF Vichy, il remporte la Gambardella 1977-78 face au PSG. Sur les conseils de Marc Kanyan ou Jacques Zimako, il signe son premier contrat professionnel avec Bastia, un climat propice pour un homme du pacifique ajouté à un club familial sur le devant de la scène hexagonale avec une finale de coupe UEFA. L’entraîneur Cahuzac fait rapidement confiance à cet attaquant véloce et puissant, jouant dès deux pieds à n’importe quel poste de l’attaque. Faisant rapidement oublier Yves Mariot, il marque 8 buts en D1 pour sa première saison positionné surtout en ailier gauche. Durant 7 ans sous le maillot corse Simei obtiendra le graal en battant St Étienne en finale de la coupe de France 1981 déjouant les pronostics. Il participera aussi avec les insulaires à la Coupe des Coupes éliminé en 1/8 ème par le Dinamo Tbilissi, Simei Ihily marquera même 2 buts en 16ème contre les Finlandais de Koitka. Séduit par le projet nîmois en D2 avec des ambitions de montée dans l’élite, Simei Ihily débarque dans le Gard en juin 1985, il sera associé au sein de l’attaque croco avec 2 autres recrues offensives Orts et Carrot.
Commençant la saison avec Marcel Domingo, l’homme qui le recruta aux manettes, celui-ci en fit un titulaire offensif indiscutable.
Simei Ihily fait un début de saison prometteur, sa technique et sa vivacité enchantent rapidement le public de Jean Bouin, les nîmois enchaînent 3 victoires consécutives face à Martigues, à Cannes et Sète, 9 buts marqués pour aucun encaissé, avant un déplacement au bord du lac Leman à Thonon (défaite 1-0). En ce 23 août 1985, à la 35′ le long de la ligne de touche Simei Ihily sera victime d’un contact rugueux d’un adversaire, même si celui-ci dira après avec sa modestie et sa gentillesse qui le caractérisent « c’était simplement accidentel, il ne le fait pas exprès », le verdict est terrible : rupture des ligaments croisés. Opéré par le célèbre chirurgien nimois Jo Asencio (opération suivie par le coach Nygaard svp), il suivra ses coéquipiers en tribune durant la majeure partie de la saison, continuant sa rééducation. Avec le départ du coach Domingo en début d’année 1986, Kristen Nygaard reprend en mains l’équipe première, couvert par Patrick Champ, comptant sur le retour de Simei Ihily en attaque au soutien des Perez, Goudard, Orts ou Carrot, le Néo Calédonien reprend à jouer avec la réserve croco, l’évolution de la blessure est bonne et les sensations sont là. Mais hélas au cours d’un match  en D4 en Aveyron face à Requista le promu, Simei Ihily est victime d’une agression dans le jeu et se blesse sérieusement à l’autre genou, compromettant son retour en D2 et mettant un terme définitif à sa saison.
Lors de la saison 1986/87, le joueur d’Ouvéa revient à son meilleur niveau, Nygaard en fait un titulaire en milieu offensif aux côtés de Lokhoff, Lanthier et Poortvliet, soutenant une nouvelle attaque Mustapha Merry / Christian Perez. Le début de saison est prometteur, le Nimes Olympique, malgré une cuisante défaite en match d’ouverture dans le derby du Gard à Alès, se retrouve leader de son groupe de D2 en octobre après une victoire à Martigues. Le 26 septembre les crocos arrachent un excellent match nul à Gerland face à Lyon, Simei Ihily inscrira son 1er but sous le maillot du NO floqué du nouveau sponsor Catavana, ce soir là grande première aussi pour Jack Mc Donagh qui égalisera (2-2). Le retour au premier plan du Néo Calédonien, avec Ton Lokhoff à la baguette permet d’avoir un milieu croco nettement mieux armé dont le public Nîmois attend beaucoup. Hélas le 15 novembre Nimes s’incline à Cannes, Simei Ihily suite à un contact au genou droit avec le portier azuréen un certain Gilles Morisseau, voit sa saison à nouveau stoppée. Alors que la blessure de la saison dernière n’était plus qu’un loin souvenir, Ihily véritable moteur de l’équipe est contraint à un arrêt forcé. Malchance cruelle, pour ce joueur exemplaire à tous les points de vue et apprécié de tous, qui n’avait jamais été blessé durant sa longue carrière bastiaise. Ne se remettant véritablement jamais de cette dernière blessure, Simei Ihily traîne son spleen, la vitesse et le punch qui en faisaient un joueur spectaculaire ne sont plus au rendez-vous, conscient que l’aventure s’arrête là, il préfère raccrocher les crampons à seulement 28 ans. Gérard Lanthier se souvient encore « d’un joueur de grand talent toujours humble et même timide des fois ». Reparti en Nouvelle Calédonie près des siens, il rejoua sur son île avec des copains pu en amateur avec l’équipe d’Ouvéa, avec toujours autant d’élégance et de gentillesse. Son parcours professionnel, passa par l’éducation nationale, Simei Ihily devint professeur de sport au collège d’Ouvéa, un exemple de réussite pour les jeunes de cette ile du pacifique. Simei Ihily effectua 255 matchs sous le maillot Corse dont une victoire en coupe de France, et seulement une trentaine avec les crocos, sans cette maudite fatalité et l’accumulation de blessures graves nul doute qu’ il aurait continuer à donner du plaisir au public de Jean Bouin. Aujourd’hui dans son ile, au coté d’une autre légende croco Marc Kanyan, le peuple nîmois n’a pas oublié l’homme attachant et l’ailier talentueux qu’il fut.

Article de Bertrand BIANCIOTTO