En ce mois d’août nous rendons hommage à Abdelkader Mazzouz l’Algérien de l’indépendance.

Né le 04 août 1932 à Blida en Algérie, Mazzouz dit aussi Mazzouza reste comme le 1er buteur du Nîmes Olympique dans une finale de Coupe de France. Débutant le football en minime comme avant centre à l’USM Blida, son club de toujours, il jouera jusqu’en seniors avant de tenter sa chance en France grâce à des amis Algériens présents sur place et de nombreux entraineurs français en lien avec le championnat français d’Afrique du Nord. Âgé de 19 ans il découvre le football hexagonal en amateur à Châteauroux, un essai peu concluant de 6 mois.

Appelé sous les drapeaux en 1952, il rentre en Algérie et effectue son service militaire au régiment à Belcourt (Alger). De retour dans son club de l’USM Blida en 1954, il repart en 1956 pour une autre expérience à Chatellerault dans la Vienne, où il commence à se faire une réputation, étant même sélectionné dans l’équipe Amateur du Sud Ouest.

Joueur athlétique et puissant il attire les convoitises de certains clubs professionnels comme le Nimes Olympique. Mis à l’essai par Kader Firoud en hiver 1957 contre Sochaux il donne entièresatisfaction au staff croco, solide physiquement et avec un frappe de balle terrible, l’attaquant amateur pose ses valises dans le Gard en février 1957. Ce joueur peu connu, ne tarda pas à s’imposer comme inter gauche aux côtés de la nouvelle recrue Henri Skiba et des jeunes offensifs talentueux Akesbi/Salaber.

Professionnel pour la 1ère fois en 1957/1958 Mazzouz en progrès constant, inscrira 5 buts en D1 et deviendra un élément en devenir et incontournable de l’équipe type de Firoud. Inscrivant son 1er but en D1 en septembre 1957 à Sedan, il sauvera l’honneur croco ce jour-là, but (88′) et défaite 1-3.

Le magazine Miroir du Football écrivait sur Mazzouz « garçon athlétique ce joueur était un bien solide point d’appui….par sa présence et sa puissance de tir il assurait à ses coéquipiers voisins une certaine liberté de manœuvre ». Finaliste de la coupe de France avec Nîmes le 16 mai 1958 contre l’ennemi numéro 1 le grand Reims, Mazzouz relança les crocos d’un coup franc surpuissant, égalisant malgré une infériorité numérique, suite à la terrible blessure de Schwager dès la 10′ min. Au final Fontaine et Bliard aggraveront le score pour une défaite 3 à 1 des crocodiles, si malheureux pour la première finale de Coupe de France du club.

En juillet 1958 à la surprise générale Abdelkader Mazzouz, le canonnier du NO, quitte le Gard précipitamment sans vraiment prévenir l’entourage du club pour l’Algérie. L’effectif nimois se retrouve amputé à l’inter saison pour des raisons extrasportives et politiques, d’un joueur qui avait réalisé de tels progrès en un an que Firoud comptait énormément sur lui pour la nouvelle campagne. Il ne fut jamais vraiment remplacé par Duc ou Oualiken. Mazzouz face aux événements se déroulant en Algérie en 1958 accepta de rejoindre les rangs de l’équipe du FLN, surnommée le onze de l’indépendance, aux côtés des Mekhloufi, Maouche, Oudjani ou Bentifour. Cette formation constituée principalement de joueurs de D1 Française, fut la première équipe nationale algérienne de football afin de promouvoir l’indépendance du pays. Ses joueurs arrivant de l’hexagone, dont Mazzouz et les 2 autres nimois Oualiken et Bouricha, furent considérer par le FLN comme des patriotes rejoignant les rangs de la révolution avec un ballon comme moyen d’expression. Cette équipe composée de joueurs professionnels voulait prouver qu’elle pouvait rivaliser avec les meilleurs nations du monde sur un terrain de football.

Mazzouz et l’équipe du FLN basée en Tunisie, participera à 62 matchs pour 47 victoires, se déplaçant dans de nombreux pays jusqu’en 1962. Le sacrifice de ces sportifs Algériens et leur départ soudain, ne furent pas très appréciés dans l’hexagone en raison du contexte géopolitique tendu dans cette colonie française. Comme pour beaucoup d’autres de ses compatriotes, le retour de MAZZOUZ au Nîmes Olympique en 1962 resta très compliqué vis-à-vis de la direction mais aussi du public nîmois, mélangeant le football et les évènements douloureux de 8 ans de guerre, jusqu’à ce fameux 05 juillet 1962 (indépendance de l’Algérie). Abdelkader Mazzouz le compris rapidement, le club lui fit comprendre qu’il ne comptait plus sur lui et il quitta la France pour une saison en Suisse à la Chaux de Fonds 1962/63, club majeur dans son pays à cette époque et participant à la coupe d’Europe. Il retrouva les crocos quelques mois après les avoir quitté, mais comme adversaire, participant à Oran à la première rencontre internationale de football en Algérie depuis l’indépendance, le 16 octobre 1962 entre l’Entente Algérienne et le Nîmes Olympique. Dans un stade plein, le cérémonial des matchs internationaux fut observé, l’assistance écouta religieusement les deux hymnes la Marseillaise et le Kassaman, salués par de vifs applaudissements, en présence d’un grand nombre d’officiels des deux pays. Mazzouz retrouva ses anciens partenaires Barlaguet, Bandera, Bettache ou le jeune Djebaili, le temps d’un match historique où les crocodiles s’imposèrent 2 à 1 grâce à des buts de Bessonnart et Parodi. Une saison chez les Helvètes et Mazzouz retourna au pays pour devenir entraineur-joueur dans son club de toujours Blida. Devenu entraineur tout en raccrochant les crampons en 1969 à l’ USM, il prendra en mains les juniors de la sélection nationale puis les espoirs, acceptant entre les deux une pige dans le club de El Asnam Chlef de 1973 à 1975.

Abdelkader Mazzouz ne compte qu’une sélection officielle avec l’équipe d’Algérie post indépendance contre la Roumanie mais il reste comme un des sportifs héroïques Algériens, n’hésitant pas à sacrifier sa carrière footballistique pour son pays. Décédé à 45 ans en avril 1978 d’une tumeur au cerveau, aujourd’hui un complexe sportif de Blida porte son nom, mais il reste aussi comme le premier buteur croco dans une finale de Coupe de France avec sa quarantaine d’apparitions sous le maillot du NO. Abdelkader Mazzouz l’homme qui envoya un missile au fond des filets du grand Colonna et qui fit se lever le peuple Nimois, une histoire croco au gout d’inachevé.

 

 

Article de Bertrand BIANCIOTTO